• Couverture rigide – 240 pages
  • Editeur: Tempus Fugit
  • Langue: Français
  • Format: 26.5cm x 21.6cm
  • ISBN: 978-2959072017

Sorti en octobre 2025

Préface par Marissa Roth, Photographe lauréate du prix Pulitzer, conférencière et commissaire d’exposition

Un mot de l’auteur :
 

Mes lecteurs fidèles savent que j’ai tendance à glisser des citations dans mes ouvrages. Une fois n’est pas coutume, je vais le faire dès l’introduction.

« Bien que les humains voient la réalité en couleurs, pour moi, le noir et blanc a toujours été lié à la vérité profonde de l’image, à sa signification la plus cachée. » Peter Lindbergh

« La couleur est descriptive. Le noir et blanc est interprétatif. » Elliott Erwitt

« Quand vous photographiez des gens en couleurs, vous photographiez leurs vêtements. Mais quand vous les photographiez en noir et blanc, vous photographiez leur âme. » Ted Grant

Ces trois immenses stars de la photographie n’ont pas pu se tromper. Il y a bien quelque chose de particulier avec la photographie en noir et blanc. Quelque chose de plus profond, de plus poétique, de plus sensible. Et si je ne photographie pas les gens, et que les rares vêtements présents dans ce livre sont en lambeaux, je me suis quand même dit qu’après dix livres, le moment était venu pour moi de m’attaquer à ce sujet.

L’idée m’est venue en 2019 lorsque je suis tombé sur ces quatre Rolodex dans une fonderie auvergnate. Je les ai trouvés magnifiques. Comme toujours ou presque, je n’ai rien touché avant de déclencher. Le mur devant lequel ils se trouvaient était parfait. La lumière qui venait de la gauche également. Je n’ai pas cherché plus loin quand il a fallu choisir la couverture de cet ouvrage.

Même si j’ai commencé en utilisant bien plus souvent le grand angle que le zoom, j’ai photographié des détails depuis mes débuts dans ces lieux abandonnés. La proportion de plans resserrés a augmenté dans la perspective de ce livre. Depuis peu, ils sont même majoritaires.

J’ai déjà présenté quatre séries en noir et blanc : les aéroports, les mannequins dans les vitrines, les aires de jeux désertées et la vie au milieu des vestiges de l’URSS. Les lecteurs qui en plus d’être fidèles sont curieux les retrouveront sur mon site. Même si certaines séries ont un lien indirect avec l’abandon, je n’ai jamais montré mes photos de lieux abandonnés en noir et blanc. Toutes les images de ce livre sont inédites.

La profondeur, la poésie, la sensibilité du noir et blanc évoquées plus haut se marient parfaitement avec mon univers de lieux abandonnés, particulièrement lorsqu’on s’arrête sur les détails qu’ils offrent. Rideaux éventrés qui flottent dans le courant d’air, horloges arrêtées, poupées démembrées et chaises renversées offrent mille nuances de gris, car c’est bien de cela dont il s’agit. Ce n’est pas un hasard si les Grecs avaient trois mots différents pour dire le « gris ». Idem en latin.

Quand la lumière s’en mêle et baigne de ses rayons des boules poussiéreuses sur un tapis de billard ou un piano majestueux qui n’a pas résonné depuis longtemps, elles sont toutes là, les milles nuances.

Le gris est plein de mystère. Loin d’être neutre, c’est la couleur de la nuance, de l’ambiguïté. C’est aussi celle de la contradiction, entre le positif associé au blanc et le négatif associé au noir. Le gris est complexe, c’est le point de rencontre de tous les possibles.